Notre présence au Japon

Notre travail apostolique au Japon s’inscrit dans la ligne d’une longue tradition dominicaine, héritée elle-même des Apôtres à qui le Seigneur demande d’aller évangéliser toutes les nations. Saint Dominique rêvait d’aller annoncer la bonne nouvelle aux peuples du nord de l’Europe. Mais ce qu’il n’a pu réaliser lui-même, ses fils et ses filles l’ont fait, d’abord au Moyen âge à travers la société des Pérégrinants, puis plus tard au XVIIe siècle, par l’envoi de missionnaires non seulement à travers toute l’Europe, mais aussi en Amérique et en Asie, y compris au Japon.

Après la réouverture du Japon aux pays étrangers, les frères de la province dominicaine des Philippines débarquèrent dans l’île du Shikoku en 1904 pour oeuvrer à l’annonce de l’Evangile. A son tour, la jeune province dominicaine du Canada (indépendante de la province de France depuis 1911), cherchait une occasion d’étendre son apostolat au-delà du pays. Cette occasion lui fut offerte en 1925 lorsqu’une conflagration à Hakodate (lle du Hokkaido) dévasta maisons, écoles et églises. Les Pères des Missions Etrangères de Paris qui travaillaient depuis plus de quarante ans dans ce diocèse furent dépassés par ces douloureux événements et sollicitèrent de Rome la permission de se retirer du diocèse dès qu’une autre communauté pourrait prendre la relève de l’oeuvre apostolique entreprise dans les paroisses. Au même moment, le Père Emile-Alphonse Langlais, provincial de la province canadienne, réclamait de Rome un territoire de mission.

Voyons un survol des quatre-vingts années de son existence pour en dégager les grandes lignes. Le recul que donne ce survol nous permet de résumer ainsi l’activité des missionnaires: de l’administration diocésaine à la formation d’une vicairie autonome, à la collaboration avec d’autres provinces de l’Ordre.

Nous pouvons dégager trois périodes: la première, de 1927 à 1948 où il s’agit d’une prise en charge parla province canadienne du diocèse de Hakodate-Sendai. La presque totalité des activités fut alors centrée sur les 17 paroisses et les 5 dessertes laissées vacantes par les Missions Etrangères de Paris. Durant cette période, le supérieur des Dominicains canadiens au Japon agit à l’instar d’un évêque. Et lorsque, quelques années plus tard, l’évêque administrera le diocèse, les Dominicains travailleront sous sa juridiction à la façon d’un clergé diocésain.

La seconde période couvre les années 1949-1977. Libérés de la charge d’administrer seuls le diocèse, les Dominicains de notre province songèrent à s’organiser en une vicariat autonome. Le cheminement fut lent. Parmi les événements qui contribuèrent à la formation d’un groupe plus autonome, il faut d’abord noter le surplus de missionnaires et la formation d’une maison dominicaine à Sendai, la nomination d’un évêque japonais à la tête du diocèse, le désir de certains dominicains d’entreprendre des oeuvres extra-paroissiales, puis, surtout après la guerre, l’arrivée dans le diocèse des Pères des Missions Etrangères de Québec et des Missions Etrangères de Suisse avec qui il fallut partager la signature d’une convention de trente ans. On vit alors surgir à travers le Japon (Sendai, Tokyo, Kyoto, Fukuoka, pour ne nommer que les grandes agglomérations) maisons et oeuvres de toutes sortes qui permirent aux Dominicains de notre vicariat une plus grande liberté d’expression apostolique, selon le charisme de l’Ordre, sans pour autant minimiser l’apostolat paroissial.

La troisième périodes, celle de 1978 à nos jours, vit l’apport de nouveaux effectifs missionnaires venant des provinces du Saint-Rosaire (Espagne) et de la province de la Pologne. cette présence consolida notre présence en sol japonais et où le ministère des frères se concentre principalement dans la charge pastorale de paroisses. Une vingtaine de frères sont impliqués dans cette mission, dont près de la moitié sont japonais.